Ils «squattent» son logement: le locataire se retrouve à la rue

SOCIÉTÉ • Le locataire d’un logement situé à Carouge 
ne parvient pas à déloger des occupants clandestins.

  • Stève Rüdisühli s’absente quelques jours et retrouve son appartement occupé à son retour. DR

C’est une histoire singulière et peu ou prou inédite à Genève. Jugez plutôt. Stève Rüdisühli, habite depuis 23 ans au Clos de la Fonderie, dans un appartement loué par la Fondation immobilière de la Ville de Carouge. En octobre, le quadragénaire, qui a subi un traitement médical éprouvant, décide de partir en convalescence à l’étranger. Il a confié les clefs de son logement à une connaissance qui doit en contrepartie arroser ses plantes et nourrir son animal de compagnie. Et c’est à son retour que les ennuis commencent.

Cylindre changé
Stève Rüdisühli ne parvient pas à entrer dans son trois-pièces. Et pour cause, le cylindre a été changé en son absence. Ses voisins, qui ont signé une pétition en sa faveur, lui expliquent alors qu’une famille de six personnes a pris place dans l’appartement. Une partie de ses meubles et autres effets personnels a été dispersée dans la nature. Le locataire sollicite les services de police. Des agents interviennent le 5 novembre pour tenter de démêler l’affaire. «Auditionnée, la famille aurait expliqué qu’elle avait versé un certain montant – plusieurs milliers de francs – à celui qui était censé surveiller les lieux»,  indique le lésé.
Les prétendus sous-locataires ont donc réintégré le logement. Au grand dam des autres habitants de l’immeuble qui se sont adressés au bailleur communal. Dans leur lettre, ils évoquent le fait que cette famille a pu s’installer indûment dans un appartement dévolu à des personnes préalablement inscrites sur une liste d’attente. Et s’indignent contre les nuisances, bruit, dépôt de déchets que les occupants génèrent notamment. Sans emploi et en situation de handicap, Stève Rüdisühli reçoit aujourd’hui des subsides de l’Hospice général pour le paiement du loyer.

Pas d'évacuation
«L’institution va effectuer un dernier règlement en décembre. Et après, je serai bien malgré moi dépossédé de mon appartement», affirme Stève Rüdisühli. Il a contacté la Fondation immobilière de la Ville de Carouge qui l’a, selon lui, envoyé dans les cordes. «Elle s’est refusée à toute intervention, arguant que tant que les loyers étaient payés, l'affaire ne la concernait pas», reprend le locataire spolié. Son avocat, Me Igor Zacharia a déposé une plainte pénale notamment pour abus de confiance. «Mais en dépit de la plainte pénale, le Ministère public renonce en l’état à faire usage de la force publique pour déloger les occupants. J’ai donc saisi le tribunal civil. En l’absence d’instruction ou de jugement du tribunal des baux et loyers, la police n’a pas la compétence de procéder à l’évacuation immédiate de la famille» 

Et du côté de la Fondation immobilière de la Ville de Carouge? Comme l’explique son directeur, Luigi Rota: «Lors des premiers échanges, nous ne disposions pas de l’ensemble des informations objectives pour apprécier le dossier. En outre, à l’instar de la police, nous ne pouvions intervenir sans décision de justice». 
Mais la Fondation va donner une suite juridique en coordination avec le locataire et son avocat pour lancer, le cas échéant, une procédure d’évacuation. Elle va aussi collaborer avec les partenaires sociaux pour trouver une solution durant la procédure.