Cornavin: «Qui a dessiné 
une place aussi ratée?»

BRICOLAGE • Devant la gare, la guerre 
des transports est déclarée entre les différents usagers. 
La faute aux aménagements, qui semblent parfois encourager les mauvaises pratiques. Reportage.

  • Devant la gare Cornavin, un véritable bouchon se forme aux heures de pointe. DR

Des piétons qui traversent dans toutes les directions, des voitures qui s’agglutinent, des trams et des bus souvent bloqués, ainsi que des vélos et des trottinettes qui slaloment au beau milieu. Et au sol, des dizaines de lignes de couleurs et de tailles différentes, vertes, jaunes et blanches, participent à rendre la situation encore plus confuse. Malgré les apparences, nous ne sommes pas aux abords d’un carrefour à Bangkok, connu pour ses intersections anarchiques, mais bien sur la place Cornavin.
Pagaille
«C’est inadmissible!, lance une mère de famille, tout en se frayant un chemin au milieu des véhicules avec sa poussette. Comme les voitures sont coincées, elles cherchent à avancer par tous les moyens et on ne se sent pas en sécurité quand il faut traverser. Et puis avec toutes ces indications sur le sol, on ne sait même pas où il faut vraiment passer. Une telle situation dans une ville comme Genève en 2024, c’est dramatique», estime la jeune femme avant de s’engouffrer dans un tram.
A deux pas, c’est un chauffeur de taxi qui peste contre un cycliste qui a heurté son rétroviseur sans daigner s’arrêter. «Trop de vélos ne respectent pas les règles. Dommage que le trafic cycliste ne soit pas interdit devant la gare. Je vois souvent des problèmes avec les piétons et les bus. Avec les collègues, on se demande bien qui a pu imaginer une place aussi ratée», témoigne-t-il. Au milieu de ce joyeux tableau, les automobilistes ne sont pas en reste. Alors qu’ils n’ont pas le droit de circuler sur la place, nombreux sont ceux qui transgressent l’interdit pour déposer un proche ou pour tenter de gagner quelques minutes dans un quartier souvent paralysé.
Gagner du temps
Certains n’hésitent d’ailleurs pas à emprunter la voie de bus du passage des Alpes, pourtant réservée uniquement aux Transports publics genevois De quoi créer un important bouchon, d’autant que des voitures sortent également du parking de Cornavin, situé au milieu de la place. «Mon GPSm’affirme que je peux passer par là. J’ai déjà perdu 20 minutes pour parcourir une centaine de mètres, alors je prends le risque. Et puis, tout le monde le fait», justifie une conductrice, tout en bloquant pendant de longues secondes un bus bondé à l’heure de pointe. 
«Il faut être patient et surtout très attentif, reconnaît le chauffeur 
du véhicule collectif immobilisé. Heureusement, personne ne circule trop vite ici, hormis quelques cyclistes et trottinettes électriques. Mais c’est vrai que la situation pourrait être améliorée.»
Travaux
Et les choses devraient effectivement changer ces prochaines années, notamment dans le cadre de la réfection de la gare souterraine, planifiée par les CFF dès 2029. «L’ambition est de réaliser les travaux de la place Cornavin avant, afin de ne pas avoir plusieurs chantiers en cours», détaille Marc Moulin, collaborateur personnel de la magistrate à la tête du Département de l’aménagement, des constructions et de la mobilité (DACM). Aucune date n’a pourtant encore été trouvée pour le début du chantier. «La planification et la coordination avec un chantier affectant également le réseau de tram sont encore en cours sur ce volet du réaménagement», conclut le communicant. En attendant, la Genève mobile est contrainte à un périlleux gymkhana.