Plus de 1500 jeux disponibles. C’est ce que propose la ludothèque 1-2-3…Planète!, située dans le quartier des Charmilles. De quoi faire briller les yeux de Yaseen et de ses copains, assis autour d’une table. Ici, il y en a pour tous les goûts, allant du jeu de plateau à la poupée, en passant par un baby-foot et même quelques jeux vidéo. Dans une atmosphère joyeuse, les enfants du quartier passent d’une activité à l’autre, encadrés par Benjamin, un ludothécaire mélomane. Après une journée d’école, on rigole. On s’éveille aussi grâce à des jeux destinés aux plus jeunes.
Grande nouveauté: les ludothèques vont prochainement élargir leurs horaires d’ouverture au samedi matin pour les familles. Pour faire découvrir les facettes de cette offre, une journée portes ouvertes est prévue samedi 30 avril dans les douze ludos de la Ville de Genève. Au programme: des animations, des ateliers, des spectacles et même un loto.
«Chaque structure a retenu plusieurs thèmes. Ce sera l’occasion pour le public de découvrir ce qu’on fait dans les ludothèques de la Ville», se réjouit Véronique Zbinden, présidente de la Ludo 1-2-3…Planète! Aux Charmilles, les animations tourneront autour des Playmobil et du graffiti. Une partie musicale sera aussi assurée par Benjamin et sa guitare. Il en profite pour nous faire découvrir en avant-première ce lieu, véritable caverne d’Ali Baba.
Approche bienveillante
D’emblée, accrochée au plafond, une banderole invite à délaisser son téléphone portable. «Nous cherchons à favoriser le jeu entre les parents et leurs enfants. En limitant l’utilisation du natel, cela développe la socialisation et le lien», explique Benjamin, qui a suivi une formation au Centre d’études et de formation continue (CEFOC) pour devenir ludothécaire. «Ici, ce n’est pas l’école! Nous faisons de l’accueil libre. Les enfants ne sont pas obligés d’être là. Résultat: l’atmosphère à l’intérieur de ces murs est détendue, ce qui permet de développer une certaine complicité», poursuit le trentenaire. Le ton est donné. Avec une approche bienveillante, le ludothécaire écoute les plus jeunes et leur prodigue des conseils.
Mais comment faire un choix, face à la montagne de jeux disponibles? «Ils sont classés d’après la théorie de Jean Piaget, le célèbre psychologue genevois. Cela va des jouets destinés à l’éveil “sensori-moteur” pour les petits de 0 à 4 ans, à des jeux plus élaborés pour les grands», détaille Benjamin, en parcourant les rangées de boîtes colorées. Tout en longueur, l’endroit peut accueillir jusqu’à 80 personnes avant de limiter les entrées, ce qui se produit régulièrement. «Notre choix de jeux est énorme et nous allons souvent acheter des nouveaux jouets. Parfois à double, de sorte à éviter les conflits», sourit Benjamin.
Jouets genrés
Autre préoccupation: le caractère genré de certains jeux. «L’industrie produit de nombreux jouets spécifiquement destinés aux filles ou aux garçons. Au moment d’acheter, c’est une question que l’on se pose. Nous sommes attentifs aux jeux proposés, afin qu’ils soient destinés à tous, filles ou garçons, enfants ou adultes, de sorte à éviter les clichés», informe notre guide, qui garde un œil attentif sur les enfants. Un sujet qui résonne avec la récente polémique liée à l’organisation d’une soirée en «mixité choisie, sans hommes cisgenres» à la ludothèque du Petit-Saconnex, finalement annulée. «Ce n’est pas quelque chose que nous faisons dans notre ludothèque. Et ce n’est pas dans nos projets», commente sobrement Véronique Zbinden.
Une question qui ne touche guère les jeunes présents. Yaseen est concentré avec quelques amis, filles et garçons, autour d’un jeu. L’adolescent âgé de 14 ans accepte tout de même de lever la tête quelques instants. «Je viens souvent ici en groupe, et j’aime beaucoup cet endroit», raconte cet habitant du quartier. Lui et ses amis optent souvent pour Wazabi, le célèbre jeu de dé. «Il y a toujours des copains différents. Ici je peux jouer avec tout le monde», conclut Yaseen, tout sourire, avant de reprendre sa partie.