Les ados deviennent malades de leur addiction aux écrans

SANTE • Troubles musculaires, constipation, fatigue oculaire, problèmes veineux, voici quelques-uns des maux imputés à une utilisation excessive des smartphones.

  • Utilisés à outrance, les écrans peuvent s’avérer dangereux pour les ados. 123RF/VLUE

    Utilisés à outrance, les écrans peuvent s’avérer dangereux pour les ados. 123RF/VLUE

Robin* est un bon élève, ses professeurs l’apprécient et il fait régulièrement du sport. Mais depuis quelques mois, il passe de plus en plus de temps sur son portable. Il allume tous les soirs sa console de jeux, tout en regardant une série sur sa tablette. Sans s’en rendre compte, il est devenu accro: «La semaine dernière, j’ai compté le nombre de fois où je regardais mon smartphone et j’ai pris peur. Je suis arrivé à 326 en un seul jour. Je n’ai que 16 ans et j’ai déjà souvent mal au dos, je n’arrive plus à me concentrer et j’ai souvent des crampes dans les mains. Et il y a aussi mes insomnies. Va falloir que je me calme.»

Consommation en hausse

A la différence de Robin, la plupart des jeunes touchés par les nouvelles technologies ne s’en rendent pas forcément compte. Ils ne font pas le lien ou ne s’en soucient pas. Ce que déplore Corine Kibora, porte-parole chez Addiction Suisse à Lausanne: «Les jeunes passent 25% plus de temps sur un écran qu’il y a deux ans à peine. Un des effets est l’altération du sommeil qui peut être lourde de conséquences, notamment au niveau scolaire. On note aussi des troubles oculaires, des maux de nuque, de posture, de sédentarité et une mauvaise alimentation. L’agressivité et la dépression peuvent aussi faire partie du tableau.» La spécialiste précise également que les comportements problématiques touchent davantage les plus jeunes, ceux qui ont 12 ou 13 ans.

«Héroïne numérique»

Conséquence directe, les scientifiques sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à ces maux qui touchent de plein fouet les jeunes du monde entier. Le docteur américain Nicholas Karadars est le plus connu d’entre eux. Dans un récent numéro d’Envoyé spécial sur France 2, il n’hésitait pas à déclarer que l’addiction aux écrans était la nouvelle «héroïne numérique». Et qu’elle agissait sur les jeunes en rétrécissant les voies cérébrales et ralentissant la circulation des fluides.

D’autres maux, moins graves, ont également été répertoriés: douleurs aux mains et dans la nuque, syndrome du canal carpien, dos voûté, constipation, surpoids, pour ne citer que les principaux. Au sein de la fondation Pro Juventute également, on tire la sonnette d’alarme: «L’addiction en ligne est souvent issue d’une instabilité émotionnelle ou d’un isolement social. Plus de vingt heures en ligne par semaine sont considérées comme inquiétantes.»

En parler

Que peuvent faire les parents pour endiguer ce fléau? Dans un premier temps, il convient d’en parler ouvertement avec son enfant. S’il refuse, il est essentiel de se tourner vers des organismes de soutien tels Pro Juventute ou Addiction Suisse. La clé consiste également à accompagner les plus jeunes dans leur utilisation des écrans. Il y a encore du travail à accomplir puisque, selon la dernière étude James réalisée par Swisscom et la haute école zurichoise ZHAW, un jeune sur dix souffrirait d’une addiction sévère à Internet et ils seraient également 12% à avoir une consommation risquée ou problématique.

* nom connu de la rédaction