Servette attend son bail depuis... un bon bail

- Le club résident et la Fondation du Stade négocient depuis 30 mois sans trouver de terrain d’entente.
- Nerf de la guerre? La gestion des buvettes et l’utilisation des infrastructures.
- Conséquence, l’état d’exception devient la norme à La Praille. Explications.

  • Laurent Moutinot, responsable de l’entretien et de l’exploitation du Stade. DR

    Laurent Moutinot, responsable de l’entretien et de l’exploitation du Stade. DR

  • Stade de Genève. dr

    Stade de Genève. dr

«On ne peut pas cracher sur l’organisation de manifestations et tout ce qui rapporte de l’argent»

Laurent Moutinot, président de la Fondation du Stade de Genève

Effarant. Le Servette FC (SFC) et la Fondation du Stade de Genève (FdS) n’ont toujours pas signé de bail liant le club résident au propriétaire du Stade. Dans cette affaire, les deux parties se disent armées de bonnes intentions. Dans les faits, rien n’avance depuis le printemps 2015, année où le contrat hérité de l’ex-président Majid Pishyar a été dénoncé. Cela fait donc 30 mois que l’état d’exception est devenu la norme du côté de La Praille. Une incongruité unique en Suisse.

«Je vous confirme que rien n’est encore signé, reconnaît Laurent Moutinot, président de la FdS. Au départ, Didier Fischer, actuel président du club et moi pensions qu’on allait signer rapidement. A l’usage, on s’est aperçus qu’on avait au contraire besoin de temps.» Pour quelles raisons? «Des divergences sont apparues. Pas dramatiques. Le SFC joue. Et, avec nos accords oraux, les choses ne se passent pas trop mal, clarifie Laurent Moutinot. Avant de préciser: «Evidemment, comme juriste de formation, c’est compliqué d’admettre qu’on est encore dans le flou. Sur le principe, on parle d’un contrat sans limite de temps avec des adaptations ponctuelles. Il y a donc beaucoup de paramètres à prendre en compte, d’imprévus et de nouveautés à régler.»

Qui est le patron?

Concrètement, quelles sont les points de frictions? «Ils sont multiples. D’abord, il y a le statut de club résident. Aujourd’hui, le SFC est déjà prioritaire. Je n’ai pas de problème avec ça et cela n’a jamais été contesté. La difficulté est plutôt de savoir ce que ce statut implique. En résumé, qui est le patron?», interroge Laurent Moutinot. Avant d’illustrer son propos par un exemple concret: «Que se passerait-il si la FdS négociait l’utilisation des vestiaires et du stade par l’équipe nationale suisse pour trois matches et qu’au final la Nati puisse venir quatre fois à Genève? Je pourrais me retrouver coincé si tout était figé par un contrat, signé noir sur blanc.»

Rapporter de l’argent

Autre désaccord bien plus brûlant, la gestion du débit des boissons et de la petite restauration à l’intérieur de l’enceinte. Actuellement, elle aux mains de la FdS. De leur côté, les dirigeants du club, comme partout ailleurs dans le pays, réclament la gestion de cette importante source de rentrées d’argent? «Je ne suis pas d’accord d’en parler… Mais c’est effectivement un des sujets de la négociation», reconnaît du bout des lèvres Laurent Moutinot. Qui conclut? «La Fondation doit aussi faire vivre l’enceinte financièrement. On ne peut donc pas cracher sur l’organisation de manifestations et tout ce qui rapporte de l’argent. Le SFC est prioritaire mais pas exclusif. Et le Stade de Genève est avant tout le stade de la population genevoise. J’y tiens!»

"La fondation doit respecter ses missions"

«Les négociations durent depuis près de 30 mois et toujours pas de bail signé avec la Fondation du Stade. On déplore une durée aussi longue», confirme Constantin Georges, directeur général du Servette FC (SFC). Qui poursuit: «C’est difficile pour un club de football de notre taille de gérer la précarité de la situation lorsqu’on ne peut pas planifier à l’avance. Surtout lorsqu’on se veut irréprochable sur les comptes». Concrètement, que demandez-vous? «Dans le cas du bail de club résident, Servette ne parle pas d’exclusivité de l’usage des infrastructures, c’est une évidence. Mais de facilités comme, par exemple, la possibilité de disposer d’un vestiaire secondaire réservé exclusivement à la première équipe», explique notamment Constantin Georges. Il ne s’agit pas de savoir qui est le patron mais de respecter des missions clairement définies.» Pour mémoire, les statuts de la Fondation mentionnent qu’elle doit «favoriser la pratique et le développement en général des sports athlétiques, et plus particulièrement ceux pratiqués par le Servette Football Club.» Et qu’en est-il de la gestion des buvettes à l’intérieur de l’enceinte? «L’argent reste le nerf de la guerre. Pour un gestionnaire de club, c’est difficile de concevoir qu’une dime soit prélevée sur l’affluence et les consommations. A Genève, il y a 64 clubs de football, le SFC est le seul à payer un loyer pour jouer. Nous aimerions trouver un meilleur arrangement», pointe Constantin Georges.