La délocalisation d'ABB Sécheron au point mort

INDUSTRIE • Annoncée en 2017, la délocalisation en Pologne des activités genevoises du groupe piétine. Aura-t-elle finalement lieu? Les 150 emplois concernés sont-ils sauvés? Le magistrat Pierre Maudet y croit. 

  • Manifestation des salariés d’ABB Sécheron, en octobre 2017, contre la menace de délocalisation. unia.ch

    Manifestation des salariés d’ABB Sécheron, en octobre 2017, contre la menace de délocalisation. unia.ch

«Pour la direction zurichoise du groupe ABB, la délocalisation reste d’actualité, mais l’évolution du dossier à Genève prouve le contraire. Il est possible qu’elle ne se fasse finalement pas. Nous gardons espoir.» Cette source proche du dossier a son explication sur ce revirement: «Les conditions-cadres se péjorent en Pologne. Les salaires augmentent et les employés sont très volatils, car le taux de chômage y est très bas. Du coup, il est devenu beaucoup moins intéressant d’y installer une unité de production dans ce pays.»

Eviter les licenciements
Un avis partagé par Alessandro Pelizzari, secrétaire régional d’Unia Genève: «Cette délocalisation n’a pas de fondement rationnel, elle a juste servi à casser les employés. Selon les dernières informations reçues, il ne serait pas étonnant que la direction d’ABB change encore d’avis et décide de ne plus délocaliser.»  Sollicitée pour répondre à nos questions, la direction genevoise du groupe n’a pas donné suite à notre demande.
Pourtant, l’enjeu est de taille puisque la délocalisation de la production des transformateurs de traction d’ABB Sécheron concerne environ 150 employés. Le conseiller d’Etat Pierre Maudet de soutenir: «Il est urgent de réévaluer le projet de déplacement de la production. Lors des premiers contacts avec l’entreprise, l’Etat avait soutenu le développement d’un pôle de mobilité douce dans le but de maintenir les emplois et le savoir-faire. Aujourd’hui, les conditions sont favorables et nous pouvons mener des discussions afin d’éviter des licenciements.»

Nouveaux projets
L’idée est de remplacer la production des transformateurs de traction par un centre de transport public durable. Déjà à la manœuvre dans le cadre du projet TOSA, ce système inédit de recharge éclair des bus électriques, le groupe ABB est également impliqué dans le développement des Seabubbles, ces embarcations révolutionnaires de taxis électriques à mi-chemin entre le bateau et l’avion.
Pierre Maudet ajoute: «Le Conseil d’Etat va tout faire pour que Genève devienne un pôle d’excellence de la mobilité durable. Si on avait baissé les bras il y a un an, on n’aurait jamais rebondi comme on est en train de le faire aujourd’hui.» Surtout que le carnet de commandes semble bien rempli comme l’indique une autre source impliquée dans le maintien des activités d’ABB en terres genevoises: «De nouveaux travailleurs ont été engagés et les employés ont des journées bien chargées. Cela me pousse à croire que le site de Sécheron a encore un avenir.»