Bibliothèque de la Cité: péril en la demeure…

VÉTUSTÉ PRÉMATURÉE • Le mobilier est à remplacer complètement dans les meilleurs délais. C'est un rapport d'expert qui le dit. Coût de l'opération: 550'000 francs.

  • La bibliothèque municipale compte 3400 tablettes et 6800 barrettes métalliques. Le tout sera remplacé.

  • Les barrettes de soutien n'ont pas tenu le choc des années.

«Personne ne s'attendait à une dégradation aussi rapide», reconnaît d'emblée Martine Koelliker, directrice adjointe au Département de la culture et des sports à la Ville de Genève. Expertise en main, elle explique les raisons qui obligent la Bibliothèque municipale de la Cité à devoir remplacer complètement son mobilier. Et cela dans les meilleurs délais. «Sans renfort métallique, les rayonnages en aggloméré de bois ont dangereusement plié sous le poids des livres. Les barrettes maintenant les étagères aux montants verticaux ont également été jugées trop faibles. Bref, tout le mobilier est arrivé en fin de vie», résume-t-elle. Avant d'ajouter: «Acheté en 1990-91, les rayonnages avaient été choisis par les architectes constructeurs, en accord avec la direction des lieux, au moment de la création de la bibliothèque. Ils n'ont duré que 21 ans alors que du matériel de qualité doit pouvoir durer environ 35 ans».

Lieu sécurisé

Cette usure prématurée avait entraîné la rupture d'un rayonnage au mois de février. Des dizaines de livres avaient alors chuté, heurtant la tête d'une bibliothécaire emmenée aux urgences de l'hôpital. Diagnostic: légère commotion. Plus de peur que de mal mais l'accident avait entraîné la fermeture de la bibliothèque pendant environ une semaine.Y a-t-il encore péril en la demeure? «Non, depuis nous avons provisoirement sécurisé les étagères, vérifié chaque tablette et limité notamment l'accès du public aux zones romans, documentaires et à la salle de lecture.»De source proche du dossier, on apprend que remplacer une partie du matériel détérioré n'a pas été si simple. En effet, les pièces ne se construisent plus. Il a donc fallu les commander à une entreprise en Suisse allemande. Autre mauvaise surprise: la Ville ne pourra pas se retourner contre la société qui a fourni le mobilier dans les années 90, elle n'existe plus.

Facture de 550'000 francs

Reste à chiffrer l'ampleur des dégâts? «La bibliothèque compte 3400 tablettes et 6800 barrettes métalliques. Remplacer les rayonnages ainsi que divers mobiliers très usagés, coûtera environ 550'000 francs», estime Martine Koelliker.«Une demande de crédit sera bientôt présentée au Conseil municipal», précise de son côté Sami Kanaan, magistrat en charge de la culture. «Les critères de qualité et de durabilité énoncés par l'expertise seront pris en compte», promet-il. «Une expertise est d'ailleurs en cours dans les autres bibliothèques de la Ville», ajoute le magistrat qui avoue avoir personnellement visité chaque bibliothèque pour être certain que «ces lieux sereins et gratuits restent accessibles à la population dans une période agitée où tout se monnaie.»