Sens de la mesure

  • Le conseiller d’Etat Pierre Maudet. GIM

    Le conseiller d’Etat Pierre Maudet. GIM

La machine médiatique s’est emballée. Avec l’affaire Maudet, elle a son os à ronger jusqu’à la moelle. Imaginez, le premier de la classe, l’enfant prodige de la politique, celui qui n’a jamais connu l’adversité a fauté... Péché impardonnable, il a menti. En politique, tout le monde sait que cela ne pardonne plus.

Dès lors, pas besoin d’attendre l’issue d’un procès équitable ou les conclusions du travail des commissions parlementaires. Pas besoin non plus d’écouter au préalable ce que l’accusé a à dire pour sa défense. Pour l’écrasante majorité de l’opinion publique, pas mal d’élus et la plupart des journaux, Pierre Maudet est coupable. Par conséquent, il doit être traité comme tel.

Sommes-nous bien sûrs de tout cela? Et si, cette fois encore, nous avions tout simplement perdu le sens de la mesure. Celui du travail qui doit être accompli sans concession mais avec diligence. Autrement dit, dans la sérénité que seule garantit le temps d’une enquête correctement menée sur les faits, et rien que les faits. Toutes proportions gardées, sans cela, le conseiller d’Etat Pascal Broulis serait déjà évincé du gouvernement vaudois. Et le «GHI» serait aux mains de Christoph Blocher.

Soyons clairs, pas question ici de dédouaner Pierre Maudet. Les citoyens doivent savoir ce qui s’est passé. Il revient au Ministère public de poursuivre le président du Conseil d’Etat et de faire toute la lumière sur cette affaire. Mais que chacun garde bien à l’esprit que la légitime recherche de la vérité ne peut se faire, dans le cas d’espèce, sans prendre en considération le bon fonctionnement de nos institutions.

Difficile en effet, voire impossible, qu’un exécutif cantonal puisse fonctionner correctement lorsque son président est ostensiblement voué aux gémonies, hasard du calendrier bien entendu, à la rentrée de septembre. Quel timing. Si Pierre Maudet est coupable, ce qui reste à prouver, il devra payer.

En attendant, évitons tous d’aller trop vite en besogne. Ce que le gouvernement actuel a d’ailleurs très bien compris. Malgré l’électrochoc sans précédent, il a su serrer les rangs et se montrer, une fois n’est pas coutume à Genève, solide et solidaire.

Pour combien de temps? L’avenir le dira, mais sans doute, le temps nécessaire à chacun de faire correctement son travail dans le strict respect des lois et avec le sens de la mesure.