Me Robert Assaël: «On marche sur la tête!»

  • Me Robert Assaël. DR

    Me Robert Assaël. DR

RÉACTIONS • L’avocat Robert Assaël, défendant des policiers sous enquête, s’insurge: «Bien sûr que les policiers doivent être exemplaires et ne bénéficier d’aucune impunité s’ils ont fauté. Cela étant, aujourd’hui, l’approche du Ministère public est excessive. Il instruit à tous crins, même quand il est d’emblée évident que les plaintes n’aboutiront pas. Résultat: les policiers doivent subir plusieurs auditions par l’Inspection générale des services (police des polices) et par le procureur général. Ils ont l’impression qu’on leur cherche des noises, alors qu’ils ont très bien fait leur travail. Le classement, synonyme d’acquittement, qui ponctue très souvent les procédures, ne supprime pas la défiance ressentie. Il y a un réel risque que les policiers soient en retrait dans leur travail, voire démotivés, de peur des reproches injustifiés qui pourraient leur être faits et de la nécessité de tout devoir justifier. C’est contre-productif! J’ai aussi le sentiment que les policiers paient le fait d’être policier.»

«Par exemple, poursuit l’avocat, je défends celui qui est soupçonné d’avoir volé une montre de luxe à 6500 francs au Salon international de la Haute-Horlogerie en début d’année. Il clame son innocence. Il a été arrêté alors qu’un simple quidam ne l’aurait jamais été pour un simple vol d’une montre. Cette détention était arbitraire. Etait-ce un moyen de faire pression pour qu’il avoue ce qu’il n’a pas fait ou pour faire un exemple? Certes, aujourd’hui, il est en liberté et un témoin l’innocente, mais les dégâts sont énormes, puisqu’il a été suspendu provisoirement et moult personnes se sont injustement détournés de lui. Je me battrai pour qu’il retrouve au plus vite sa place de travail et rétablir son honneur! Que penser aussi des procédures pénales engagées contre des policiers qui vont sur un braquage, en course d’urgence, et dépassent un peu les vitesses autorisées, alors qu’ils veulent sauver des vies? Il faut arrêter de marcher sur la tête!»

Propos recueillis par Christine Zaugg