Le Casino du Lac mise sur la clientèle locale

L’établissement du groupe Partouche fête ses 20 ans. L’occasion de plonger dans cet univers si particulier. En 2022, il a accueilli 228’000 clients, dont 85% de Genevois. Objectif: retrouver les chiffres d’avant-Covid. L’un des chevaux de bataille de la direction n’est autre que la lutte contre l’addiction au jeu. Explications.

  • Le directeur général Fabrizio Barozzi s’apprête à fêter un double anniversaire: les 50 ans du groupe Partouche et les 20 ans du Casino du Lac. DR

Vingt ans! C’est l’âge du Casino du Lac. Sis à Meyrin, au sous-sol de l’hôtel Mövenpick, le seul et unique établissement de jeux du canton célèbrera son anniversaire le 16 juin ainsi que les 50 ans du groupe Partouche, auquel il appartient. En témoigne la décoration festive qui vient s’ajouter aux strass et aux paillettes dans les allées du casino. L’occasion de faire le point sur les défis, les soucis et les envies de cette entreprise pas tout à fait comme les autres. Interview du directeur général Fabrizio Barozzi.

GHI: Comment se porte le Casino du Lac? Fabrizio Barozzi: En pleine forme puisqu’on s’apprête à fêter notre vingtième anniversaire. Après la crise liée au Covid, l’activité a repris normalement en février 2022. Notre ambition consiste désormais à retrouver les chiffres de 2019. En 2022, nous avons fait 47 millions de chiffre d’affaires contre 57 en 2019, (-17%). Côté fréquentation, nous étions à près de 300’000 clients en 2019 et sommes descendus à 228’000 en 2022. En ce premier semestre de 2023, la tendance est légèrement à la hausse.

– Comment a évolué votre activité en 20 ans? Depuis la création du Casino du Lac le 15 juillet 2003, nous avons traversé plusieurs crises: de l’interdiction de fumer en 2010 à la chute de l’euro. Dernièrement, la pandémie nous a fortement impactés. En raison des fermetures mais aussi parce que la traversée du Covid a fait changer les mentalités. On l’a constaté d’autant plus qu’au moment de la reprise sont survenues la guerre en Ukraine et l’inflation. Tout le secteur des loisirs mais aussi de la restauration a pâti de cette morosité ambiante.

– Sur quoi misez-vous pour booster la fréquentation? L’accueil! C’est notre grande force. Nous sommes ouverts 23 heures sur 24. Nous prenons en charge le client. De plus, ici, comme à Las Vegas, tout est offert: des viennoiseries le matin au menu du soir en passant par les boissons non alcoolisées. C’est aussi notre gros atout par rapport aux établissements de France voisine. On sait mieux recevoir! Notre objectif est de faire vivre à nos clients une véritable expérience. Pour cela, on mise sur le côté entertainment, divertissement. D’où la présence d’un groupe ou d’un DJ les vendredis et samedis soir.

– De quoi vous permettre de lutter contre la concurrence des jeux en ligne? En réalité, on s’est rendu compte que les clients du casino terrestre et ceux qui jouent en ligne ne sont pas les mêmes. D’après un sondage, seuls 10% des clients du casino physique jouent aussi en ligne. Le casino est un lieu de vie, de rencontre. On vient passer un moment festif. Rien à voir avec le fait de jouer chez soi, sur son ordinateur. A noter que nous sommes aussi présents en ligne grâce à notre site Pasino.ch lancé en novembre 2020 et qui a atteint 13 millions de chiffre d’affaires en 2022.

– Qui sont les clients du Casino du Lac? Tous les âges sont représentés. Le matin, nous avons majoritairement des retraités; l’après-midi des jeunes; le soir des actifs et le week-end, de nouveau les jeunes. Les machines à sous représentent 85% de notre chiffre d’affaires et les jeux traditionnels (roulette, black jack, poker...): 15%. Quant à la provenance, 70% de notre clientèle est genevoise; 15% de France voisine; 10% du canton de Vaud et 5 % de touristes. On vit grâce à la clientèle locale.

– Et vous le lui rendez bien... Vous êtes en effet un acteur local important. De quelle manière? En tant qu’employeur d’abord puisque nous avons une centaine d’employés pour le casino terrestre et une trentaine pour Pasino.ch. Nous sommes aussi un excellent contributeur. Sur les 26 millions d’impôts sur les maisons de jeux, 17,1 millions sont reversés à l’AVS et 8,9 millions au Canton de Genève. De plus, on reverse 8% du produit net des jeux (soit 2 millions en 2022) à la fondation meyrinoise du casino. Celle-ci apporte son soutien de manière indépendante à des projets culturels, sportifs et sociaux sur la commune.

– Quid de l’avenir? Nous attendons la réponse concernant notre demande de renouvellement de la concession. La décision tombera cet automne. Au niveau fédéral, 28 dossiers ont été déposés pour 23 concessions. A Genève, personne d’autre n’a candidaté. Nous avons donc peu d’inquiétude. Par ailleurs, On va dépoussiérer un peu le casino. Le rendre un peu plus moderne, un peu plus fun. 2,5 millions seront investis pour procéder à ces travaux en 2024. Sans pour autant fermer. Show must go on!

300 à 400 clients exclus par an

MP • Comme le prévoit la loi, le Casino du Lac dispose d’un programme de mesures sociales, qui vise à lutter contre le jeu excessif. «Tous les collaborateurs sont formés pour détecter les signes précoces de l’addiction au jeu», précise le directeur général de l’établissement, Fabrizio Barozzi.

Aux critères financiers s’ajoutent des critères liés au comportement du joueur. «Si on les repère, on déclenche un entretien avec le client au cours duquel on se renseigne sur sa situation maritale, son salaire, ses charges... Comme le permet la loi.» Un entretien qui peut déboucher sur une exclusion.

Au Casino du Lac, 300 à 400 clients par an sont exclus. Fabrizio Barozzi se veut particulièrement intransigeant sur la question. «Pour moi, c’est important de garder un client sur le long terme en travaillant sur la détection précoce et en donnant des conseils sur comment jouer sans se mettre en danger.» Logique quand on sait qu’un client interdit, c’est 10’000 francs de chiffre d’affaires annuel en moins.