La méthode Allyane, 
un précieux outil de rééducation

C’est une méthode encore très peu utilisée en Suisse, mais qui va sans nul doute se généraliser dans les années à venir. Mise au point en France il y a une dizaine d’années, la méthode Allyane est une solution thérapeutique qui s’adresse aux patients souffrant d’un déficit d’amplitude à la suite d’un traumatisme, d’une chirurgie ou encore dans le traitement des spasticités et troubles moteurs causés par certaines pathologies neurologiques.
En physiothérapie, elle permet d’obtenir des résultats parfois saisissants, par exemple chez les patients qui souffrent d’un flessum du genou ou du coude, c’est-à-dire d’une perte de mobilité de ces articulations qu’il n’est plus possible de mettre en extension.
Mais de quoi s’agit-il exactement? La méthode Allyane est une méthode de reprogrammation neuromotrice en rééducation. Pour faire simple, chaque fois que l’un d’entre nous est victime d’un traumatisme, d’un accident, d’une atteinte motrice ou même en post opératoire, les schémas moteurs au niveau du cerveau sont désactivés et s’éteignent progressivement, ce qui les empêchera de mobiliser pleinement les muscles atteints lorsque ceux-ci auront pourtant retrouvé leur pleine capacité. C’est ce que l’on appelle une inhibition motrice, et le rôle de la méthode Allyane est justement de permettre de restaurer cette activation cérébrale en prenant en charge ce phénomène.
Une heure trente…
Pour y arriver, l’originalité de cette méthode est de se fonder sur l’usage combiné de trois axes principaux qui séparément, ont déjà la preuve de leur utilité: le travail sur la sensation de notre corps et de nos membres dans l’espace, ce que l’on appelle la proprioception, le recours à de l’imagerie mentale et enfin l’utilisation de sons de basse fréquence émis par un dispositif médical breveté appelé l’Alphabox®.
Pour les patients éligibles, une séance d’une heure trente suffit. Après un bilan approfondi mené par le thérapeute, le patient dont l’articulation ne doit pas être douloureuse, un préalable indispensable, est guidé à l’aide de photographies et de vidéos dans une démarche de visualisation et de ressenti, à la fois des membres non fonctionnels mais aussi de ceux qui symétriquement ne sont pas atteints. Des sons sont ensuite diffusés par l’Alphabox® à l’aide d’un casque dans le but d’induire un état de relaxation, puis d’ancrer et de reprogrammer dans le cerveau des sensations saines au membre lésé.
Une fois la séance terminée, le patient devra consolider le travail effectué avec des exercices d’imagerie mentale chez lui chaque jour, 5 minutes durant trois semaines, tout en continuant son parcours classique de rééducation.
Outre son efficacité, l’avantage de cette méthode de reprogrammation neuromotrice est de permettre aux patients de retrouver leur motricité plus rapidement et durablement, le tout sans aucun effet secondaire.
Seul bémol, la méthode n’est pas indiquée pour tous les patients. Ne sont bien sûr pas éligibles ceux qui présentent des douleurs articulaires ainsi qu’une atteinte périphérique de type mécanique des muscles de l’articulation concernée, ceux qui qui présentent des troubles cognitifs et des difficultés d’élocution ou de compréhension et enfin ceux qui souffrent d’aphantasie, c’est-à-dire d’une incapacité de générer des images mentales.

Avec la collaboration du Centre de thérapies physiques et cognitives de Montchoisi, Av. de Montchoisi 27, 1006 Lausanne. Tél. : +41 21 619 34 60, tpc@montchoisi.ch

 

Avis de la spécialiste
Houda Ssoussi Addi
Physiothérapeute certifiée méthode Allyane

La méthode Allyane se substitue-t-elle aux autres méthodes de rééducation?
En aucun cas. Il s’agit d’un outil supplémentaire dans la boîte à outils et elle n’est utilisée que dans un seul objectif: réactiver au niveau du cerveau, la com- mande motrice du patient. Le reste de la rééducation se poursuivra par des séances de physiothérapie classique.

Cette méthode est-elle efficace?
De nombreuses études ont montré son efficacité et moi- même, je l’éprouve à chaque fois dans ma pratique. Ainsi à la fin de chaque séance, je teste objecti- vement mes patients pour évaluer les résultats obtenus. Cela peut paraître lunaire à qui n’en comprend pas les fonde- ments scientifiques, mais les résultats sont vraiment efficaces.

Y-a-t-il des échecs?
Parfois il arrive que nous n’obtenions aucun résultat ou alors des résultats très minimes. Dans ces cas, soit nous avons mal évalué notre patient au départ, soit ce dernier souffre d’une atteinte mécanique de son muscle qui n’a pas été soignée. Nous le renvoyons alors à son médecin avec le bilan que nous avons effectué. Comme la méthode n’est pas invasive, il n’y a de toute manière aucun préjudice pour lui.

Cette méthode est-elle courante en Suisse?
Non, très peu de praticiens y sont formés pour l’instant et quand ils le sont, ce sont pour des attein- tes orthopédiques. Personne n’est pour l’heure formé pour les atteintes neurologiques de type AVC, etc., qui peuvent également bénéficier de protocoles Allyane, mais très spécifiques.