La Croix-Rouge genevoise lance un service de transport

SOCIAL• Les personnes âgées qui peinent à se déplacer peuvent désormais faire appel, une fois par semaine, à des bénévoles formés par l’institution. Reportage.

Jeudi, 11h30 du matin, à deux pas de la gare de Champel. Sous une pluie battante, Lorenza, bénévole pour la Croix-Rouge genevoise, attend Jean-Luc, 81 ans et malvoyant, devant son immeuble. «C’est la deuxième fois que je viens pour l’aider. Maintenant, on se connaît bien!», se réjouit cette mère de famille d’origine italienne, alors qu’on aperçoit déjà le chapeau de l’octogénaire dans l’encadrement de la porte.
Une scène de vie qui ne doit rien au hasard, puisque tous les deux participent à un nouveau programme – toujours en phase pilote – lancé par la Croix-Rouge genevoise avec le soutien de la Ville de Genève. L’idée: permettre à des personnes âgées à mobilité réduite et disposant de faibles revenus de faire appel à un bénévole pour effectuer un déplacement par semaine. De son côté, le bon samaritain est formé par la Croix-Rouge aux gestes de base et pour pouvoir parer à toute éventualité. Pour commander une course, un coup de fil à la Croix-Rouge suffit. L’institution se charge ensuite de trouver un conducteur disponible le plus rapidement possible.
En l’occurrence, Jean-Luc se rend ce jour-là à Plainpalais, où il mange tous les vendredis midi au sein d’une association. «Bonjour Lorenza. Quel plaisir de vous retrouver! Sans vous, me déplacer est toujours très compliqué», s’exclame le bénéficiaire du jour, en attrapant le bras de son «aide» qui le conduit jusqu’à son véhicule portant un autocollant aux couleurs de la Croix-Rouge. L’octogénaire souffre de troubles de la vue, qui l’empêchent de se situer correctement. Il est donc contraint de solliciter parfois un taxi, un service beaucoup plus cher et moins adapté. «Les taxis ne sont pas prévus pour les seniors et les personnes en situation de handicap. La plupart du temps, on nous met à l’arrière de la voiture alors que c’est trop étroit. Et puis, les chauffeurs sont souvent pressés et se montrent, dans certains cas, agressifs si on n’est pas assez rapide. Avec ce nouveau service de la Croix-Rouge, je n’ai plus ces problèmes. Les bénévoles sont formés et patients. C’est un soulagement!», témoigne Jean-Luc.
Complicité
D’autant qu’une véritable complicité s’est installée avec Lorenza, qui bataille habilement avec son véhicule dans la circulation. «Jean-Luc est une personne très cultivée. Il connaît énormément d’anecdotes sur les différentes rues et plus largement sur le passé de Genève. Cela me permet de passer un bon moment et d’en apprendre beaucoup sur la région, moi qui n’habite ici que depuis quelques années», salue la bénévole.
Ce qui ne veut pas dire que son engagement est intéressé pour autant. «J’aime aider les gens. Cela donne la sensation d’être utile et de faire quelque chose de bien. Mais aussi de sortir de son quotidien», explique Lorenza. Ne craint-elle pas que ses missions ne lui prennent trop de temps? «Il suffit d’indiquer ses disponibilités. Si je ne peux pas, personne ne va m’obliger», rassure la conductrice.
Pour cette «prestation», Lorenza reçoit une indemnité de quelques francs en fonction des kilomètres parcourus, de quoi payer un peu d’essence. «Je ne fais pas ça pour l’argent. Sinon, ça ne serait plus du bénévolat», rappelle celle qui est également prof de Pilates.
Bénévoles recherchés
Des bénévoles sont d’ailleurs activement recherchés par la Croix-Rouge, qui souhaite pérenniser et étoffer son offre. «C’est en grande partie sur eux que repose le succès de cette nouvelle prestation. Notre objectif est de doubler leur nombre», indique la directrice générale de l’institution, Stéphanie Lambert.
Plusieurs conditions doivent être respectées. Il faut fournir un extrait du casier judiciaire, posséder une voiture et un permis, et n’avoir pas plus de 70 ans. Mais aussi d’être volontaire pour suivre la formation de base.
En attendant, la Croix-Rouge genevoise se dit satisfaite de l’expérience. «Nous sommes déjà obligés de filtrer les demandes les plus importantes, signe qu’il y a un vrai besoin en la matière», observe la directrice générale.
Le Département de la cohésion sociale et de la solidarité en Ville de Genève soutient la démarche et se réjouit de la mise en place de ce service. «Nous devons encore réaliser un bilan de cette première étape. Mais notre volonté consiste en premier lieu à lutter contre l’isolement et à créer une nouvelle dynamique», éclaire la magistrate Christina Kitsos.
Pour la suite, la Département analysera la possibilité de diversifier l’offre, en permettant notamment à un petit groupe d’un même quartier de se déplacer ensemble, par exemple pour une escapade à la campagne. «En rapprochant différentes personnes qui ont les mêmes besoins, les mêmes affinités, nous faciliterons les rencontres, stimulerons les liens sociaux et favoriserons ainsi la cohésion sociale», conclut Christina Kitsos.
Contact : tel. 022 304 04 81 e-mail:transports@croix-rouge-ge.ch